
(RE)FLEURIR LE CORPS
Le printemps refleuri timidement la nature, et peut-être sentez-vous en vous cet appel doux ou puissant de prendre soin de votre jardin intérieur ? Célébrer votre corps et votre féminité ?
En mêlant temps de partage et de résonance, dessin et empreintes végétales en cyanotype, nous vous invitons — au travers de l’acte symbolique — à cultiver la vie là où elle a besoin de toute votre tendresse. Nous vous offrons un espace sacré et créatif pour prendre soin et repartir, nous l’espérons, le cœur bourgeonnant et des éclosions à fleur de peau !
(RE)FLEURIR LE CORPS
Quand ? Vendredi 7 juin 2024 de 10h à 13h
Où ? Institut Hédoné au 1 Quai de la Pêcherie, Lyon 1er.
Réservation obligatoire. Places limitées. 65€/participante.
4 participantes minimum. 8 participantes maximum.
Si, à la suite de cet atelier vous souhaitez découvrir les massages Hédoné, un tarif spécial vous sera proposé sur place.
J'ai rencontré Émilie lors de cercles de femmes que je facilitais il y a quelques années de cela. La vie a suivi son cours, comme elle le fait si bien, et j'ai retrouvé Carasco, l'artiste, tandis que je souhaitais participer à l'un de ses ateliers. Nous nous sommes fait confiance, l'une et l'autre, à tour de rôle. Et quand Hédoné a ouvert ses portes, je l'ai invitée à co-créer un atelier avec moi. Je suis très touchée par la délicatesse de sa présence et la grande sensibilité avec laquelle elle perçoit les mondes et leur donne vie dans ses oeuvres.
Et puis, la cyanotypie est un art de beauté et de sublimation. Un superbe médium pour approcher le corps, avec douceur et poésie...
Il a fallu attendre un peu, que les beaux jours reviennent pour rendre cela possible — si vous ne connaissez pas encore la pratique du cyanotype, elle a besoin des rayons du soleil — mais le printemps arrivant, même timidement, nous avons décidé de lui faire confiance pour le 7 juin.
Je vous laisse avec ses mots tendres et délicats. À bientôt ?
Tendrement
Alice

Bonjour Carasco, peux-tu te présenter ?
Bonjour Alice ! Je m'appelle Émilie, on m'appelle Carasco, je suis née à la campagne, dans la nature immédiate, là où le ciel immense se pose sur les champs de blé. Mais je vis aujourd'hui à Lyon, au coeur de ma ville de cœur, faisant l'expérience d'une connexion autre à la nature. Je me sens funambule marchant d'un monde à l'autre, de la campagne à la ville, du monde réel au monde rêvé, faisant la part belle à l'imaginaire, à l'enfant au dedans. À la fois conteuse et brodeuse au fil invisible de ces mondes qui se superposent.
Pourrais-tu nous en dire plus sur ton nom d’artiste ? Ses origines ? Sa signification pour toi ?
Carasco n'a pas été pensé comme un nom d'artiste au départ, il s'agissait surtout du nom donné à un univers dont j'ai imaginé les contours, fait de nature, de poésie, de merveilleux, de mots et d'images, de la puissance du geste dans l'acte créatif, du lien avec les savoirs anciens, du lien puissant entre les femmes de tous temps. Cela ne se sent pas forcément dans mes créations mais c'est là, quelque part en filigrane.
Carasco est le nom de famille d'une lignée de femmes dans mon roman préféré, Le Cœur Cousu de Carole Martinez. Une histoire qui m'a touchée en plein cœur, celle d'une femme libre qui recoud les étoffes et les âmes effilochées, l'histoire d'une boîte magique qui se transmet de mère en fille. Tout y est, le réel et le merveilleux, la puissance des femmes, la lignée, l'art, la liberté, le soleil. Des mots qui un jour ont résonné si fort qu'il était évident d'en faire un hommage, de donner ce nom à mon espace d'expression. Et puis tout le monde m'a appelé Carasco, c'est devenu mon nom d'artiste, que j'accepte avec honneur.
Quel est ton parcours jusqu’à Carasco ? Comment est-elle née ?
L'art a toujours été présent, depuis toute petite, le travail de la main comme moyen d'expression, le dessin, la peinture, l'écriture. J'ai commencé des études de lettres pour finalement me diriger vers mon rêve d'école d'arts appliqués. J'ai un mastère en design de mode et textile, j'ai d'ailleurs choisi cette voie parce que c'était celle qui était la plus éloignée des écrans et la plus proche de la matière. Je me suis ensuite spécialisée dans le textile appliqué à l'artisanat d'art, ces rapports à la matière, au temps et au geste que j'aime tant. Sauf que pour ces premières années de vie active je vivais à Paris et que, pour une fille des champs c'est un peu trop extrême, alors je suis revenue à Lyon, ville de mes études. C'était il y a 7 ans, j'ai pu continuer mon activité d'artisane dans un autre atelier mais en free-lance, ponctuellement. C'est dans ce moment là, dans cette liberté d'un temps retrouvé que j'ai décidé de créer mon monde. Carasco à d'abord été une marque de foulard, puis d'estampes, je me suis essayée à la poterie aussi, avant de me trouver dans le cyanotype dont le bleu, croisé des années auparavant m'était resté en mémoire.
Qu’est-ce que la cyanotypie ?
Le cyanotype est l’un des premiers procédés photographiques, sa technique a été mise au point en 1842. C'est de la photo sans appareil photo, le seul flash, ici, c’est le soleil. On obtient alors des photogrammes, c'est-à-dire des tirages par contact, donnant des empreintes blanches sur fond bleu de prusse. Les rayons UV viennent agir sur une solution photosensible chargée en sel de fer, c'est ainsi que se dessinent les empreintes d'un objet posé sur le papier, en l'occurrence dans ma démarche, les empreintes d'un monde végétal.
C'est le seul procédé photographique dont les chimies ne sont ni toxiques ni polluantes.
Un procédé ferrique mais surtout féerique..
En quoi cet art résonne-t-il pour toi ?
Lorsque j'ai réalisé mes premiers cyanotypes je cherchais à obtenir un résultat similaire à ce que j'avais pu trouver sur internet. Mais en allant au soleil pour que l'exposition se fasse j'ai vite compris que bien plus qu'un résultat final c'est le processus qui allait m'intéresser le plus. Cette connexion avec les éléments, comprendre le soleil, comprendre les temps, celui du ciel et celui des aiguilles. M'adapter sans cesse à la saison, à l'heure, aux nuages, au vent, à la lumière, aux ombres.
Le cyanotype s'est imposé comme une puissante évidence, un moyen d'expression mais surtout un moyen d'exploration de ma propre relation à la nature. L'expérimenter autrement, la contempler autrement. Voir et donner à voir.
Tu es un être de nature et de poésie, peux-tu nous en dire un peu plus sur ton travail ?
Je travaille en collaboration avec les éléments. Je me vois plutôt comme une cheffe d'orchestre, simplement là pour positionner les végétaux, réaliser techniquement les étapes du cyanotype mais je ne suis pas seule créatrice ici, la poésie vient de cette connexion au soleil, au vent, à l'eau qui ont toute leur part créative. Je ne maîtrise pas tout. Le cyanotype est un procédé à l'aveugle, je ne découvre le résultat qu'à la toute dernière étape, dans l'eau. Il y a donc ce lâcher prise, cette place faite au hasard, à l’aléatoire. Et puis je suis le rythme des saisons, j'organise ma semaine en fonction de la météo, il y a les jours bleus, les jours gris, il y a les images créées au soleil, il y a les mots posés sous la lune. Je suis faite de ce cycle, j'avance au rythme de la nature. C'est une exploration d'abord personnelle mais qui résonne, je crois, au creux de certains cœurs.
Qu’est-ce qui t'inspire au quotidien ?
Ce n'est pas vraiment conscient, tout peut m'inspirer. Je me laisse infuser par ce qui m'entoure. Mais ce qui forge mon univers est je crois d'abord l'imaginaire, ou la littérature, les histoires, ce monde là, d'une liberté sans limite. Cette bascule d'un coup dans le merveilleux, la poésie. La liberté de tout imaginer. La nature est bien sûr ma grande source d'inspiration mais elle m'inspire des histoires, j'y vois des fées dans les pétales des crocus, des danseuses dans la courbe d'une tige. Tout se mêle, la poésie et la nature, l'âme de la petite Émilie toujours bien présente qui se chuchote des contes. Alors si je joue avec ta question je dirais que ce qui m'inspire au quotidien n'est en tout cas pas le quotidien, c'est cet ailleurs qui existe au delà du regard.
Comment les femmes et le corps habitent-ils, en filigrane, ta pratique ?
Je suis très attachée aux lignées, aux transmissions, entre femmes particulièrement. L'histoire des femmes me touche beaucoup, les savoirs qu'elles ont pu se transmettre en secret, la tradition orale qui s'est developpée car elles étaient éloignées des livres, c'est d'ailleurs pour ça que les contes me tiennent tant à cœur, ces histoires racontées, toujours en mouvement, cette liberté pure que les femmes trouvaient ailleurs. J'éprouve une profonde compassion pour tout ce qui a été subi, une profonde admiration pour tout ce qui a été créé sur les chemins de traverse, une profonde fierté de faire partie de cette histoire- là. Ce n'est pas dit, ce n'est pas montré, mais c'est ce qui nourri le monde Carasco. J'aimerais citer quelques mots du Cœur Cousu : “par delà le monde restreint de leur foyer, les femmes en ont surpris un autre, les petites portes des fourneaux, les bassines de bois, les trous des puits, les vieux citrons se sont ouverts sur un univers fabuleux qu'elles seules ont exploré. Opposant à la réalité une résistance têtue, nos mères ont courbé la surface du monde du fond de leur cuisine. Ce qui n'a jamais été écrit est féminin”.
Ce passage m'a toujours donné des frissons. Tout est dit.
Trouver sa liberté par la création, au sens large.
Et puis suivre le cycle de la nature c'est me connecter à mon propre cycle. Me recentrer sur la femme que je suis me permet de me connecter à toutes les autres.
Qu’est-ce que la sensualité pour toi ?
Les sens en éveil, ce rapport au monde par l'expérience de la matière.
Ton travail se fait en choeur avec les rythmes de la nature, c’est tellement beau. Peux-tu nous en dire plus ?
Comme évoqué précédemment, je suis le rythme des saisons, que ce soit pour la cueillette des végétaux qui composent mon herbier ou (et surtout) pour la création des cyanotypes au soleil. Car pour les réaliser il faut se fier à l'index uv, qui varie en fonction de la saison, de l'heure de la journée, de la météo, etc. J'organise mon année de travail en fonction des saisons, et ma semaine en fonction de la météo annoncée. Rien n'est vraiment prévisible, je m'adapte.
Et dans le processus même du cyanotype, le soleil va agir, le vent parfois aussi, puis l'eau. Les éléments sont pleinement présents. Comme un retour à l'essentiel.
Qu’est-ce que cela t’a appris ?
Le lâcher prise. Accepter de ne pas tout contrôler, m'adapter. Savourer les erreurs et les belles trouvailles. Et faire confiance à la nature. Car je suis parfois triste quand l'un des spécimens de mon herbier s'abîme et s'altère mais je sais que la nature offrira toujours d'autres trésors.
Ou peut-être que je pourrais résumer cela par le mot humilité.
Quelles graines fais-tu germer en ton cœur pour le futur de Carasco ? ou d’Émilie Lacour ?
Ma maternité nouvelle me fait revoir mes priorités et m'oblige à me réorganiser, à ne garder que l'essentiel, à être plus efficace et considérer le temps autrement. J'ai conscience d'avoir un cadeau entre les mains, celui de la liberté de m'organiser comme je le souhaite, en accord avec mes valeurs, en connexion avec la nature. Et donc avec moi-même.
L'enjeu pour le futur est de tout faire pour que cette liberté perdure, qui peut parfois être mise à mal lorsque il y a moins de place dans l'esprit pour avoir les idées parfaitement claires !
Tu as écrit un magnifique livre sur la cyanotypie, veux-tu nous en dire un peu plus ? Où est-il possible de se le procurer ?
C'était un magnifique projet, une commande de la maison d'édition qui m'a donné carte blanche pour écrire un livre sur le cyanotype, à ma manière. C'était l'un de mes rêves. Je savais qu'un jour il se réaliserait mais je ne pensais pas que ce serait si tôt, c'était un honneur. Je l'ai pensé comme un guide complet pour une initiation au cyanotype, avec une partie plus historique (histoire de la photo, du cyanotype, du bleu…), une partie pratique pour accompagner pas à pas dans la réalisation à la fois d'un herbier et des cyanotypes. Et une dernière partie plus poétique qui parle davantage de ma démarche personnelle en connexion avec le cycle de la nature.
C'était un challenge, je l'ai écrit pendant l'hiver 2022, il fallait que je me reconnecte à chaque saison depuis celle qui était la plus froide. Imaginer de nouveau les fleurs, les paysages, le soleil, alors que tout était en dormance. Une belle expérience de connexion là encore.
Le livre s'appelle La Magie du Cyanotype, il est paru en juin 2022 aux éditions Hoëbeke et est disponible dans toutes les librairies.
Tu vends aussi tes productions, comment suivre ton travail ou te rencontrer ?
Je présente mes cyanotypes lors de marchés de créateurs, d'exposition ou sur mon site et j'anime des ateliers tous les étés.
Toutes les informations sont à retrouver sur mon site.
Et c'est sur Instagram que je m'amuse le plus, ouvrant la porte de mon atelier, mon endroit pour l'envers, invitant à voir le processus, la cueillette, posant les mots sur les histoires, les questionnements, l'acte créatif et le quotidien d'une vie de rêveuse.
Est-ce que tu souhaites ajouter quelque chose ?
Je pourrais parler de mon travail des heures encore et répondre à mille questions. La passion et la création sont de l'ordre de la nécessité, les fondements de ce que je suis. J'ai vraiment plaisir à échanger sur tout ce processus créatif, il ne faut donc pas hésiter à venir à ma rencontre sur des événements, lors d'ateliers, ou simplement par messages.
Au plaisir de partager encore.
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